Parce qu’il n’avait plus de désir…

Pièce de théâtre Parce qu’il n’avait plus de désir…

Résumé

Avec Virginie Arioli, Yael Barel, Lévy Blancard, Kevin Champenois, Guillaume Eymard, Julien Guimon, Clotilde Merle, François Rimbaud

Cyril est un jeune homme fiancé et à qui tout sourit. Pourtant, le voilà totalement déprimé, ne comprenant lui-même pas la raison de cette mauvaise passe. Il a perdu l’essence de la vie : son désir. Tout bien réfléchi, peut-être n’en a-t-il même jamais eu

Tout au long de la pièce, une femme, Céline, le ramène aux besoins les plus primaires. Il faut manger, boire et dormir, le désir se montrera de lui-même. Parce qu’il n’avait plus le désir est le combat entre ces deux êtres fondamentalement différents et qui pourtant souffrent du même mal…

Observation du néant

Un jour qu’il était là, car il était toujours las, Cyril observait le néant. Ce n’est pas qu’il eût peur de tomber. Ni même qu’il y pensât. Sans doute, le néant l’eût effrayé s’il l’eut seulement reconnu. Il ne pleuvait pas. Il n’y avait pas de travaux dans la rue adjacente. Pas d’évier qui goutte. Pas de poêle sur le feu, ni de chaussettes sales à ramasser. Il ne se passait, pour ainsi dire, rien. Que voit-on apparaître lorsque le désir est mort ? Et, concrètement, l’absence, qu’est-ce ?

C’est dans cette étrange négation qu’entre en scène la Vie et son cortège des formes. Céline boit, mange, dort et se dandine. Elle ne veut pas comprendre l’absence. La lutte peut donc commencer qui est l’origine de tout. Celle qui oppose la vie à l’absence de vie, le mouvement à l’inertie. Et alors, quoi ? “ Monsieur, rien ne va plus !”

Un défilé de personnages grotesques, absurdes ou terrifiants. Tous cherchent un peu d’amour, un peu de temps, un peu d’attention de la part de Cyril. L’un d’entre eux gagnera-t-il ?

Entre absurde et réalisme
Il s’agit d’une création, c’est donc l’installation d’un univers, d’un auteur. Lévy Blancard nous propose ce qu’elle appelle une « comédie absurde et sérieuse sur l’envie ».

Si la pièce tire effectivement plutôt vers l’absurde, elle touche souvent au réalisme excessif et au grotesque. Elle semble « inclassable ». Ce mélange des genres est fréquent chez les auteurs contemporains, particulièrement les jeunes auteurs.

Cette notation de Lévy Blancard nous indique cependant qu’il s’agit d’une pièce drôle et sérieuse à la fois. Parce qu’il n’avait plus de désir est l’histoire d’un corps qui déambule, vide de sens et d’énergie. Un corps qui n’a plus de raison sociale. Un corps dont les besoins ne sont plus évidents car la pensée a pris le dessus.

L’homme n’étant pas un simple un animal, le corps ne peut plus mener son existence de corps. Lorsque la raison contrôle les besoins et les désirs, tout peut arriver. Cyril cherche à comprendre ce corps qui ne lui réclame plus rien, ne lui fait plus sentir sa propre existence. On peut dire que Parce qu’il n’avait plus de désir, est indirectement inspirée de l’existentialisme de Schopenhauer car elle reprend les grandes références de Beckett.

Note de mise en scène

Lorsque s’est posée la question de mettre en place ce texte que j’avais écrit, ma première crainte a été de tourner ma comédie au mélodrame. Comme pour Iphis et Iante, notre dernier projet, il fallait montrer le tragique des situations et des personnages, précisément en affirmant leur ridicule, leur comique.

Notre héros, assez nettement inspiré des personnages de Büchner, s’ennuie et n’agit que pour combler le vide de son existence. Ce n’est pas un personnage qui attirera facilement l’affection du spectateur car il ne souhaite pas les divertir. Il faudra donc qu’il mette toute son énergie à retenir leur attention.

Parallèlement, Céline semble sortir tout droit d’une pièce de Goldoni. Elle est vivante et agit selon ses instincts. Il s’agit d’un combat civilisé, le spectateur doit se réjouir des coups, des blessures et en arriver à vouloir encourager l’un ou l’autre des personnages.

Pour garder cette tension, ce suspens, il me fallait une mise en scène active et énergique. L’idée de monter la pièce à la Strehler est venue tout naturellement. Les comédiens sont sur scène en permanence et observent le déroulement de la pièce. Parfois ils pourront commenter, s’indigner, s’ennuyer… Ils seront un divertissement supplémentaire dont la discrétion devra toutefois être contrôlée afin d’éviter les parasites.

Comme à mon habitude, je n’ai pas voulu de décors flamboyants ni d’accessoires pratiques. La scène ne nécessite qu’une table et quelques chaises, j’ai souhaité m’en tenir là. L’autre point clef reste le problème de communication entre les personnages.

J’ai accentué au maximum cette incompréhension en appuyant sur ses effets. Les suites de quiproquos, jeux de mots et autres situations affirment l’incapacité des êtres à communiquer. La perception d’un même mot varie tant et si bien entre les personnes que quiconque souhaite faire une phrase se retrouve dans l’impasse de l’illimité. Langage du corps, des signes ou de certains arts martiaux ainsi que langues étrangères délieront les langues et les corps dans un ballet de non-sens et de non recevoir.

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